Je me trouvais dans ma voiture lorsque j’ai entendu pour la première fois, à la radio, qu’un tremblement de terre était survenu en Haïti. Je me rendais au travail au Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB), et cette nouvelle tragique m’a figée dans un état de choc. Quelques mois plus tôt, j’avais postulé auprès de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), et beaucoup de mes collègues se trouvaient là-bas.
Nous étions en janvier 2010. Huit mois plus tard, j’étais sur un vol à destination de Port-au-Prince en vue d’une mission pour la MINUSTAH. Mon souhait de longue date de travailler en Haïti était sur le point de se concrétiser, quoique dans des conditions plus difficiles que je ne l’avais imaginé.
En tant que conseillère à la protection de l’enfance, je suis habituée à travailler dans des situations difficiles. Nous traitons de questions telles que le trafic d’enfants, l’adoption illégale, la libération et la réinsertion des enfants soldats, et la promotion de la lutte contre les violences sexuelles. Nous sommes chargés de veiller à ce que les soldats du maintien de la paix – qui sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain – soient formés sur les questions relatives aux droits de l’enfant et à la protection. De plus, nous suivons de près, signalons et documentons les violations des droits de l’enfant, et nous livrons à des activités de sensibilisation sur la question auprès des parties prenantes gouvernementales et autres.
Mon intérêt pour les droits de l’enfant est né alors que je travaillais sur ma thèse doctorale en droit international. J’ai décidé de me rendre au Malawi en tant que bénévole pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) afin de mener des recherches sur les droits de l’enfant. Durant mon séjour dans ce pays, l’UNICEF m’a recrutée en tant que consultante pour le Groupe de la protection de l’enfance, où j’ai aidé à la résolution de problèmes liés aux enfants et au VIH/sida. À la fin de mon doctorat, je souhaitais continuer à travailler avec des enfants, mais en mettant l’accent sur les conflits armés. J’ai fait acte de candidature à un poste de conseillère à la protection de l’enfance au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) et entrepris, en 2005, de militer pour la libération des enfants soldats enrôlés dans les groupes et forces armés. En 2008, j’ai été transférée au Burundi où, en collaboration avec l’UNICEF, notre équipe a réussi à négocier la libération de 600 enfants retenus dans plusieurs groupes armés.
Après cinq années passées en Afrique, j’ai commencé à m’intéresser aux questions liées à la protection de l’enfance dans d’autres parties du monde. De l’autre côté de l’océan, Haïti connaît de nombreux problèmes liés au trafic d’enfants, à l’appartenance d’enfants à des gangs armés et à l’adoption illégale. Ces problèmes existaient avant le tremblement de terre, mais cette catastrophe a permis aux trafiquants d’enlever des enfants plus facilement afin de les contraindre au travail forcé et à la prostitution. Au sein de la MINUSTAH, notre travail consiste à former les soldats du maintien de la paix sur les questions relatives aux enfants, entre autres, en identifiant les enfants exposés à un risque d’enlèvement, et à s’assurer que les droits de l’enfant seront intégrés dans les nouvelles lois et politiques élaborées en Haïti.
L’un des principaux avantages de mon travail est le congé régulier dans les foyers. Cela signifie que même si ma famille ne peut pas m’accompagner au sein de la MINUSTAH, je peux souvent rentrer à la maison pour la retrouver. Faire une différence dans le monde implique parfois de voyager loin des êtres aimés, mais je suis prête à le faire afin de contribuer à la reconstruction d’Haïti. C’est ce sens de la contribution qui m’oblige à poursuivre mon œuvre en faveur de la protection de l’enfance, qu’importe le lieu où ce travail puisse m’emmener.