Mon travail est en liaison directe avec les gens du monde entier car les statistiques socio-démographiques sont indispensables à la planification et la supervision des programmes de développement qui modifient la vie des gens. Depuis plus de 20 ans, je travaille comme statisticienne au Service des statistiques démographiques et sociales de la Division de Statistique des Nations Unies, qui fait partie du Département des affaires économiques et sociales (DESA), dont le siège se trouve à New York. La démographie est une science sociale importante qui englobe l'étude de la taille, de la structure et de la répartition des populations ainsi que les changements spatiaux et/ou temporels en réponse à la naissance, aux migrations, au vieillissement et à la mort.
J'ai commencé à m'intéresser à la démographie quand j'étais étudiante de sociologie en Ouganda, mon pays. J'ai suivi un cours d'introduction au sujet et je l'ai trouvé fascinant. Il se trouve que le professeur était consultant auprès des Nations Unies, et depuis ce moment-là, j'ai pensé que moi aussi je pourrais travailler un jour pour l'Organisation. Lorsque j'ai eu mon diplôme, j'ai passé une année au Ghana à étudier au Centre régional des Nations Unies d'études de population (United Nations Regional Institute for Population Studies) et par la suite j'ai reçu une bourse pour obtenir un doctorat en démographie à l'Université de Pennsylvanie aux États-Unis.
En 1988, alors que je rédigeais ma thèse de doctorat, j'ai appris que les Nations Unies avaient besoin d'un spécialiste en démographie pour un projet à court terme. J'ai déménagé à New York pour travailler auprès du Service des statistiques démographiques, où je récoltais et rassemblais des données pour une publication phare de la Division de statistique - l'Annuaire démographique; il s'agit d'un répertoire annuel des statistiques démographiques et sociales de tous les États membres, produit par la Division de statistique des Nations Unies. En réalité, j'ai travaillé à une édition spéciale de l'annuaire – l'Annuaire démographique de 1987 qui, cette année-là, était axé sur l'habitation et les statistiques familiales.
Depuis, je travaille pour les Nations Unies. Une de mes expériences les plus gratifiantes vient de du temps où j'étais chargée de rassembler des données sur les handicaps pour le Service des statistiques sociales. J'ai servi de lien entre le service et l'équipe internationale qui mettait au point une nouvelle classification des handicaps, dénommée la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé. Nous avons conçu les directives pour les différentes catégories et pour la terminologie à utiliser dans la collecte de renseignements sur les personnes souffrant de handicaps. Certains pays utilisaient parfois une terminologie qui était offensante – notamment des termes comme "bêtes" ou "imbéciles" et nous avons conseillé des termes plus appropriés.
Nous avons également suggéré les questions à poser pour faciliter la collecte de données détaillées sur les effets des déficiences dans la vie quotidienne des gens, ainsi que sur les politiques et l'infrastructure des sociétés qui ont trait aux personnes souffrant de handicaps. Ce projet a favorisé la promotion du concept de création d'un environnement, à l'aide de lois et de politiques, permettant d'améliorer la participation des personnes handicapées.
Je travaille à présent au programme de recensement du Service de statistiques démographiques. J'ai coordonné un effort international pour mettre au point les Principes et recommandations concernant les recensements de la population et de l'habitation, 2ème rév. Il s'agit de directives internationales que les pays doivent prendre en considération pour la "la série de recensements de la population et de l'habitation de l'an 2010" et elles couvrent les données récoltées sur 10 ans, de 2005 à 2014.
Les recensements nationaux de la population et de l'habitation constituent la plus grande source de données pour la planification et la supervision des objectifs du Millénaire des Nations Unies pour le développement, qui visent à améliorer le développement d'ici 2015 dans huit domaines critiques, comme notamment l'éducation, la santé et l'environnement. Par le biais du recensement, les pays récoltent des données dans bon nombre de catégories importantes, comme l'alphabétisation, l'emploi, l'assainissement et l'accès à une eau potable saine.
Ma division observe également les pays qui font les recensements et ceux qui ne les font pas. S'ils ne les effectuent pas, nous décelons les obstacles qui les en empêchent et leur proposons notre aide. Il est vital que les gouvernements effectuent les recensements avec succès car ils ont besoin de ces informations pour identifier les problèmes sociaux qu'ils pourraient connaître et afin de trouver des solutions pour y remédier. Les statisticiens appellent cela "la prise de décisions fondée sur des preuves".
Je me rends parfois à l'étranger et, en tant que membre d'une équipe de la Division, je participe à des ateliers sur la conduite et l'évaluation des recensements. Je me suis récemment rendue au Mozambique pour diriger un atelier régional destiné aux pays africains, sur l'utilisation d'un nouveau logiciel dénommé "Census Info" qui a été mis au point par la Division de statistique des Nations Unies, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance et le Fonds des Nations Unies pour la population afin d'aider les pays à mieux disséminer leurs données de recensement au niveau national mais aussi vis à vis de la communauté internationale.
Ma carrière est tellement gratifiante non seulement parce que j'aide les pays à récolter des données susceptibles de changer le monde mais aussi grâce à tous les fantastiques collègues avec qui j'ai eu le plaisir de travailler tout au long du parcours. Les Nations Unies sont réellement une mosaïque de cultures et de personnalités et c'est un endroit où vous vous faites des amis pour la vie.