Si les choses étaient différentes, ma ville pourrait être un paradis. Port-au-Prince, au climat ensoleillé, compte parmi les plus belles plages des Caraïbes. Elle pourrait donc être très attrayante pour les touristes. Malgré un passé politique mouvementé et plusieurs problèmes environnementaux et socio-économiques graves, la situation progresse en Haïti, grâce à la MINUSTAH, qui y est depuis 2004. La Mission a pour mandat de restaurer un environnement sûr et stable, de promouvoir le processus politique, de renforcer la gouvernance et l’état de droit et de promouvoir et protéger les droits de l’homme.
Depuis mon arrivée en 2005 au poste d’assistante aux services linguistiques et d’information au Bureau de l’information militaire (MPIO), j’ai observé une nette amélioration des conditions de sécurité. Les enlèvements sont beaucoup plus rares et les Haïtiens sont donc plus à l’aise pour effectuer leurs tâches quotidiennes et envoyer leurs enfants à l’école. L’organisation d’élections présidentielles et législatives en 2006 et 2009, pour lesquelles la MINUSTAH a fourni le soutien logistique et de sécurité, a permis d’atteindre un certain degré de stabilité politique.
Un autre facteur encourageant, c’est qu’en 2009, Bill Clinton, ancien Président des États-Unis d’Amérique, a été désigné Envoyé spécial en Haïti. Il s’efforce de convaincre la communauté internationale des bailleurs de fonds et les investisseurs étrangers de soutenir la création d’industries et d’emplois durables, et d’empêcher la poursuite de la dégradation de l’environnement.
En travaillant pour les Nations Unies, je peux aider mon pays à avoir un meilleur avenir. En 2006 et 2007, quand les bandes organisées sévissaient dans certaines régions, j’ai fait fonction d’interprète à des conférences de presse. Lors de ces séances d’information, le commandant de la force de la MINUSTAH a parlé des opérations couronnées de succès pour démanteler les principales bandes organisées. J’étais heureuse de contribuer au rétablissement de la paix.
J’aime découvrir d’autres cultures et je rêvais donc de travailler pour une organisation internationale. Étudiante en secondaire, j’ai observé les Haïtiens qui travaillaient pour la « Mission des Nations Unies en Haïti » en 1994, et je me suis promis d’apprendre plusieurs langues pour pouvoir entrer dans la famille des Nations Unies.
Les forces militaires de la MINUSTAH comptent environ 7 000 personnes de 18 pays, dont le Brésil, l’Argentine, le Chili, la Jordanie, le Canada, la France, les États-Unis d’Amérique, le Népal et les Philippines. Mes tâches sont notamment l’interprétation pour les officiers militaires ou l’assistance aux médias internationaux. Ma plus grande fierté, cependant, c’est le bulletin d’information concernant le travail des agents de maintien de la paix, que j’ai suggéré de lancer peu après mon entrée en fonction. J’en suis devenue la rédactrice fondatrice et le MPIO publie une version en ligne et une autre imprimée pour un lectorat composé du personnel de la MINUSTAH et d’éminents visiteurs.
Pour améliorer mes compétences en écriture, je fais des études de journalisme à l’université locale. J’aime parfaire mes connaissances et j’ai donc suivi plusieurs cours en ligne gratuits proposés au personnel des Nations Unies, notamment des cours de droit humanitaire et en matière de démarche soucieuse de l’égalité des sexes dans les opérations conjointes de maintien de la paix. Au cours d’un congé d’un mois, j’ai assisté à un séminaire intensif concernant la durabilité environnementale, proposé à l’Université de Port-au-Prince, parce que l’environnement est un sujet qui me préoccupe.
La durabilité environnementale est aussi l’un des objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies et en 2007, la force de maintien de la paix de la MINUSTAH a lancé une campagne de plantation d’arbres pour les étudiants locaux. Sur le plan personnel, je sais à quel point l’éducation est importante pour le développement d’un pays et je m’efforce de partager cette notion avec les autres. Il y a quelques années, nous avons créé, avec quelques amis, une association caritative du nom de « Programme de bourse d’études ». Nous levons des fonds pour envoyer des enfants à l’école primaire ; 28 enfants en ont bénéficié jusqu’ici.
Un jour, j’espère mettre mes connaissances au service des Nations Unies dans d’autres pays, mais en attendant, j’aime mon travail en Haïti. J’aime particulièrement les remises de médailles, où le personnel militaire est décoré pour son travail. L’avantage des diverses réceptions, c’est que je peux goûter la cuisine de différents pays – ce n’est pas en vain que nous sommes les Nations Unies.