Depuis la propagation du virus VIH et du sida, de nombreuses familles – dont la mienne – ont été touchées par cette pandémie. Au départ, même les infirmiers ont eu du mal à prendre conscience de la souffrance des malades et de leur famille: les personnes atteintes par cette maladie ont été négligées ; elles se sont senties abandonnées et stigmatisées. Les professionnels des soins de santé eux-mêmes avaient peur d’approcher les malades du sida, car, à l’origine, on connaissait très mal cette maladie et les modes d’infection et de contagion.
A Bamenda, dans la région Nord-Ouest du Cameroun, j’ai été l’une des premières infirmières formées au traitement du sida, et au fait de conseiller les malades et leurs proches. J’ai voulu moi-même m’informer le mieux possible sur cette maladie et le traitement des personnes infectées et psychologiquement affectées (dans l’entourage des malades). J’ai alors compris que les malades du sida avaient besoin de se sentir aimés. Il fallait également les aider à affronter les conflits familiaux qui pouvaient naître après le diagnostic. Tel a été mon rôle en tant que consultante pour le compte du « Groupe technique national » chargé de traiter la question du sida au Cameroun. J’ai également participé à la création, dans les villages, de comités locaux de lutte contre le sida.
A mes yeux, le fait d’être infirmière n’est pas simplement un métier: c’est une véritable vocation, que j’ai ressentie depuis l’âge de 13 ans, depuis mon premier don du sang pour maintenir en vie un camarade. Encore une fois, j’ai toujours aimé m’occuper des plus vulnérables et des plus démunis. Ce sont les personnes qui ont le plus besoin d’aide.
Avant de travailler pour les Nations Unies, j’ai exercé pendant 25 ans, au Cameroun, différentes fonctions dans le secteur infirmier. J’ai débuté en tant qu’infirmière d’Etat dans un hôpital de province, avant d’occuper divers postes, et d’être nommée « Infirmière de haut niveau ».
Forte de cette expérience, j’ai souhaité élargir mon champ d’action et, notamment, exercer le métier d’infirmière à l’étranger. C’est ainsi que j’ai été candidate au Programme de volontariat des Nations Unies (VNU/UNV - United Nations Volunteer programme). J’étais attirée par la dimension humanitaire de l’action des Nations Unies.
Dans le cadre de l’UNV, ma première mission a été – en 2005 - de rejoindre la Clinique médicale de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone. Puis, en janvier 2006, j’ai été nommée Infirmière en chef de la clinique – pour des fonctions essentiellement administratives. Dix-huit mois plus tard, toujours dans le même domaine, j’ai été candidate à un autre poste – que j’ai obtenu, au sein du Service médical des Opérations des Nations Unies en Côte d’Ivoire.
Le Service médical des Nations Unies est chargé des prestations de santé en direction du personnel de l’ONU. C’est là une priorité majeure de l’Organisation. Tous les membres du Service médical prennent leur mission très à cœur, et s’efforcent de fournir des prestations de qualité. Les missions de maintien de la paix des Nations Unies se déroulant généralement dans des secteurs pouvant manquer d’équipements médicaux adéquats, nous nous efforçons de mettre en place des services faciles d’accès et prêts à fonctionner.
Personnellement, je suis basée à la Clinique d’Abidjan, qui est l’une des trois cliniques dans le cadre de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Selon les catégories établies par l’ONU, la clinique d’Abidjan est de niveau 1 + ; autrement dit, elle est, en termes de qualité, proche du niveau des hôpitaux. Elle dispose d’une salle d’opération, et de services de rayons X et de dentisterie. Cette clinique fonctionne 24 heures sur 24, et bénéficie de 120 à 180 collaborateurs, qui y proposent des consultations une fois par semaine. La clinique d’Abidjan dispense des soins de première urgence, et, le cas échéant, dirige certains malades vers des hôpitaux de plus haut niveau.
En tant qu’Infirmière en chef, je dois veiller à ce que les soins dispensés au personnel de l’ONU soient de bonne qualité. Cependant, mon travail est essentiellement administratif. Je dois également organiser l’évacuation des malades, ainsi que les mouvements de personnel et le déploiement des personnels de santé. En outre, je propose des conseils au sujet des tests volontaires de sida. Il m’arrive également d’accompagner des malades gravement atteints, lors de leur transfert vers un hôpital de plus haut niveau, ou lors du rapatriement de certains malades.
Je considère que ce poste est intéressant dans la mesure où il me permet d’élargir mon expérience. J’acquiers notamment une connaissance des politiques et du fonctionnement des Nations Unies, et j’ai également la possibilité de prendre des initiatives innovantes et créatives.
Il s’agit également d’un véritable défi personnel dans la mesure où mes collègues de l’ONU dépendent de ce service médical en termes de soins de santé. Peu de temps après avoir été nommée à ce poste, nous avons perdu un collègue transféré dans un autre hôpital. Cela a été très délicat à gérer, car il était difficile de participer à l’enquête qui devait déterminer d’éventuelles négligences de la part de notre Service médical.
Il faut également noter que nous dispensons des soins de santé dans un contexte multiculturel et pluriconfessionnel. Dans toute la mesure du possible, nous nous efforçons de respecter et de traiter de manière égale les différentes appartenances culturelles et religieuses – ce qui n’est pas forcément facile -, et d’assurer à tous les membres du personnel des soins opportuns.
Mon expérience dans le cadre des missions de maintien de la paix des Nations Unies a été fascinante et très gratifiante. Je dirais aux futurs candidats à ce type de poste qu’ils doivent absolument acquérir les qualifications, la formation et les compétences professionnelles nécessaires – car le travail au sein de l’Organisation des Nations Unies exige de très grandes qualités de compétitivité.