Quand j’étais enfant, les Nations Unies me semblaient appartenir à un autre monde. J’ai grandi aux Philippines et, très jeune, j’ai fondé une famille. La vie était dure aux Philippines, le crime sévissait partout et j’étais inquiète pour l’avenir de mes enfants. J’ai fait des études et obtenu un diplôme en droit international et affaires internationales. Je voulais subvenir plus largement aux besoins de ma famille, certes, mais je voulais vraiment sauver le monde aussi. J’étais très idéaliste.
J’ai toujours voulu travailler pour une organisation internationale. Je pensais avoir la passion, la personnalité et la persévérance nécessaires pour changer notre monde, d’une façon ou d’une autre. À une époque, cependant, cela semblait un rêve inaccessible. Lors d’un voyage en Californie, en mai 1991, je cherchais un emploi aux États-Unis, mais mes efforts restaient vains et je me préparais à rentrer aux Philippines.
Avant de rentrer aux Philippines, un cousin m’a demandé « Pourquoi ne pas postuler aux Nations Unies? » Je me suis dit, « Bien sûr. Voilà ma chance de travailler au niveau international. » J’ai donc dépensé les dollars qui me restaient pour aller jusque New York. Le lendemain, je suis arrivée au Siège avec ma valise, j’ai eu une brève entrevue et été priée de revenir la semaine suivante pour l’examen d’entrée. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.
Avec beaucoup de travail et un peu de chance, j’ai pu gravir les échelons aux Nations Unies. En fait, j’ai pu passer des services généraux au niveau professionnel en présentant un examen interne. À ma grande satisfaction, j’ai réussi l’examen, ce qui m’a permis d’obtenir un poste à la Commission économique pour l’Afrique.
Depuis 1991, j’ai participé à plusieurs missions de maintien de la paix et missions politiques au sein de l’Organisation, dans des endroits comme la Somalie, le Mozambique, le Népal et l’Afghanistan. Mes expériences de terrain m’ont aidée à aborder la vie dans une nouvelle optique: nous vivons au jour le jour et devons incarner la notion de paix tout en travaillant dans des conditions parfois très instables. La réalité d’un monde troublé m’a été inculquée et j’étais déterminée à apporter ma contribution pour améliorer les choses. En tout cas, j’apprécie davantage la vie.
Actuellement, je suis responsable des ressources humaines à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Je fournis l’appui nécessaire aux personnes qui remplissent une vaste gamme de mandats à la Commission, notamment la réduction de la pauvreté, l’examen et l’élaboration de recommandations concernant les politiques économiques, et la prévention de la propagation et de l’impact du VIH et du Sida.
J’ai préparé des présentations sur la violence sexiste pour sensibiliser davantage les communautés africaines. Sans doute mon travail ne constitue-t-il qu’un maillon de la chaîne, mais il permet au reste de la Commission de travailler efficacement. En tant que responsable des ressources humaines, je suis la gardienne à la fois du personnel et des politiques des ressources humaines.
Mon travail m’a conduite dans des endroits que je ne connaissais que par mes lectures, chez des gens dont les livres ne peuvent décrire la diversité. Il m’a amenée dans des situations qui me poussent à réfléchir à ma valeur et m’incitent à faire le bien. Il m’a fait vivre des expériences dont je pense que mes petits-enfants pourront un jour être fiers. Ma carrière m’a conduite dans le monde entier, pour un total de 10 missions des Nations Unies, notamment en Somalie, au Mozambique, en Syrie, au Népal et en Afghanistan. Je me suis occupée activement de la formation des agents de maintien de la paix, militaires et civils, du Timor Oriental au Sierra Leone. Je me suis spécialisée en préparation du personnel tout au long de ma carrière aux ressources humaines et ces compétences sont requises à tous les postes de toutes les stations de terrain. Le travail est incroyablement gratifiant et enrichissant, et je suis parfaitement consciente de ma chance.