J’ai effectué ma carrière à la fois dans le secteur public et le secteur privé, et au cours de mes voyages, j’ai appris qu’il n’y a rien de tel que la satisfaction d’avoir servi une grande cause. En tant que chef de la section des achats pour l’Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), je peux voir les effets immédiats de mon travail sur notre mission et sur les personnes concernées. La satisfaction que j’en tire est quelque chose de difficile à trouver dans le secteur public.
La mission de maintien de la paix de l’ONUCI a été créée en 2004 lorsque le Conseil de sécurité a décidé que le conflit de l’époque en Côte d’Ivoire menaçait sérieusement la paix et la sécurité dans toute la région de l'Afrique de l'Ouest. Son mandat comprend le suivi de la cessation des hostilités, et des mouvements des groupes armés. Avec quelque 9 000 membres de personnel armé et 1 200 civils, c’est l’une des missions les plus importantes des Nations Unies. En tant que chef de la section des achats, je suis responsable de négocier l’achat de biens et de services ; tout de la nourriture et fournitures à l’électricité et au carburant. En d’autres termes, il incombe à l’équipe des achats sur le terrain de s’assurer que la mission a tout ce dont elle a besoin pour opérer et que les personnels tant civil que militaire disposent des ressources nécessaires pour effectuer leur travail.
Si les tâches que j’accomplis en Côte d’Ivoire semblent à première vue similaires à celles que j’accomplissais dans le secteur privé, les Nations Unies ont en fait un processus très spécifique pour l'achat des biens dont ils ont besoin. Tout contrat fait l’objet d’un appel d’offres soit au niveau mondial, soit au niveau local; le système est strictement compétitif pour garantir d’obtenir le marché le plus intéressant, et pour garantir la transparence et l’équité à nos fournisseurs.
Aux Nations Unies, nous donnons également aux fournisseurs locaux la possibilité de faire une offre pour ce qui proviendrait autrement du monde entier. Avec les appels d’offre locaux nous voulons nous engager avec les économies locales avec des produits issus du pays dans lequel est installée la mission de terrain. Par exemple, en Côte d’Ivoire, les nombreuses fournitures et savoir-faire dont nous avons besoin comme des appareils électriques tels les appareils d’air conditionné. Tous les contrats de services comme les travaux d’ingénierie à grande échelle, la maintenance des équipements, la location de locaux, le ménage, et la restauration sont achetés localement.
Les conditions dans lesquelles nous menons notre travail sont très différentes de la plupart des métiers. Les missions de terrain sont souvent menées dans des conditions hostiles, comme la guerre civile en Côte d’Ivoire. Un exemple de ce que nous faisons: lors de la récente crise, un fournisseur nous a dit qu’il ne pouvait plus nous fournir de carburant à cause des hostilités. Sans carburant toutes nos opérations essentielles pour remplir notre mandat consistant à protéger les civils, auraient été stoppées. Il était impératif de trouver immédiatement une solution pour nous fournir en carburant, et de trouver un autre itinéraire pour notre approvisionnement en carburant en le faisant parvenir d’un état voisin.
La carrière normale dans un service des achats peut souvent vous mener à effectuer toujours les mêmes tâches. Cependant, aux Nations Unies vous ne savez jamais ce qu’on va vous demander de faire. L’une des choses les plus importantes que j’ai eu à faire avec l’ONUCI, n’a en fait rien à voir avec l’achat de biens et de services. Lors des récentes élections présidentielles en Côte d’Ivoire, c’était tout le monde sur le pont pour le personnel des Nations Unies. Notre chef de mission a demandé des volontaires pour agir en qualité d’observateurs pour les élections, et assister les 20 000 bureaux de vote à travers le pays. Etant donné que la plupart des ivoiriens n’avaient jamais voté de leur vie, c’était un moment historique très émouvant pour la population ivoirienne et tout le personnel voulait y prendre part. J’ai pu non seulement observer et aider la remontée de l'information des bureaux de vote, mais aussi aider à collecter les urnes et participer au processus de vérification indépendant de comptage des voix des Nations Unies qui s’en est suivi. Nous avons travaillé pendant 72 heures pour la phase initiale, puis par équipes pour finaliser le comptage indépendant pendant une semaine ensuite. Ce fût une expérience unique que je me rappellerai toujours.
Les Nations Unies donnent à leurs employés l’occasion de faire quelque chose qui a du sens et spécial avec leur talent, et c’est ce qui en fait un choix de carrière unique pour tout professionnel avec de l’expérience.