Inde
Maîtrise en économie à l’Université Mahatma Gandhi, Kottayam Diplôme de premier cycle en économie à l’Université de Kerala, Inde
Anglais, hindi, malayalam, tamoul
Après la création de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) en 2007, j’ai été inspirée par son mandat axé sur la protection des civils touchés par les conflits et sur la stabilisation du Darfour, région soudanaise déchirée par la guerre. J’ai donc postulé pour rejoindre l’Opération en tant que spécialiste des droits de l’homme, et ai très vite été envoyée au Darfour-Occidental. Comptant plus de 26 000 soldats du maintien de la paix, la MINUAD est la plus grande mission de maintien de la paix dans le monde. Outre la protection des civils, l’Opération a reçu pour mandat de suivre et de contribuer à la mise en œuvre de l’Accord de paix pour le Darfour, d’appuyer un processus politique ouvert à tous, et de promouvoir la protection des droits de tous les citoyens. Depuis le début du conflit en 2003, des atrocités telles que l’assassinat de civils et le viol de femmes et de jeunes filles ont été commises un peu partout au Darfour. Afin de faire le point sur la situation des droits de l’homme, mon équipe se rend régulièrement dans des communautés isolées. Malheureusement, dans nombres de ces lieux, les populations ont eu dans le passé de mauvaises expériences avec les étrangers; et il arrive donc souvent que plusieurs jours passent avant qu’elles puissent accepter de se confier à nous en toute confiance. Par exemple, à ma première visite du village de Foro Baranga dans le Darfour-Occidental, je savais que les habitants seraient réticents à rencontrer une autre « étrangère ». Par conséquent, un collègue qui connaissait l’un des chefs de cette communauté m’a remis une lettre de recommandation en arabe. Cette lettre a permis d’ouvrir une porte, et j’ai passé presque la journée entière à discuter avec le chef de la communauté avant que les autres habitants commencent également à s’ouvrir à moi. Je suis principalement chargée de suivre de près et de signaler les violations des droits de l’homme. En 2008, je documentais les dossiers de civils qui avaient été torturés par des groupes armés. L’un de ces dossiers concernait un civil qui s’est retrouvé paralysé de la main gauche, presque incapable de marcher, et sourd de l’oreille droite. J’ai alors contacté une organisation non gouvernementale locale qui apporte un soutien médical aux victimes de torture. En 2011, un homme que je n’ai pas reconnu m’a interpelée par mon prénom dans la rue. Il s’agissait de l’homme que j’avais aidé, visiblement transformé et suffisamment rétabli pour travailler de nouveau. En tant que spécialiste des droits de l’homme, je côtoie de très nombreuses victimes de violations des droits de l’homme et ce sont des moments pareils qui prouvent que les individus peuvent surmonter de telles atrocités et donnent du sens à mon travail. Trop nombreuses sont les personnes qui, dans le monde, souffrent des régimes répressifs. Je suis impressionnée par l’engagement des Nations Unies vis-à-vis de ces personnes, et ce peu importe leur appartenance ethnique ou nationalité. Je suis également inspirée par le courage des victimes que je rencontre, et par leur capacité à triompher de l’adversité pour aller de l’avant. Ce sont leur force et leur amour de la vie qui me poussent à poursuivre mon œuvre sur la scène internationale.