J’ai passé mon enfance dans une petite ville de l’Islande, où je rêvais de découvrir le monde. J’ai quitté l’école secondaire avec une aptitude en logistique et j’ai rejoint le service d’incendie, de déneigement et de fret aérien de la station navale américaine à l’aéroport international de Keflavik. En 1994, j’ai répondu à un avis de recrutement local cherchant des candidats qualifiés et expérimentés qui auront à exploiter et à entretenir de gros engins motorisés pour des postes de transport et de logistique auprès de la Force de protection des Nations Unies dans l’ex-République yougoslave.

Je me rappelle nettement du jour où j’ai été recruté. Au départ, je ne savais pas si un travail à l’étranger me conviendrait, et encore moins dans les opérations de paix. Je me demandais si j’allais accepter l’offre quand j’ai entendu une chanson à la radio : l’un des musiciens les plus célèbres de l’Islande parlait d’un homme qui réfléchit à sa vie passée et regrette de ne jamais avoir saisi l’occasion de découvrir le monde. Mon hésitation a subitement disparu et j’ai pris la décision d’entamer une carrière merveilleuse et imprévisible auprès de l’Organisation.

Mes premières responsabilités consistaient à transporter des troupes, de la nourriture et d’autres types d’approvisionnement aux diverses zones militaires chargées des zones de conflit éloignées. J’ai aimé ce travail stimulant qui exigeait une assimilation rapide du contexte politique des Balkans ; il fallait également s’adapter aux conditions géographiques et météorologiques, à l’état des routes et à la situation sécuritaire en constante évolution. Notre équipe qui se distingue par la diversité de ses membres était performante et bien synchronisée.

Par la suite j’ai été affecté à la section des transports de l’Administration transitoire des Nations Unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental. J’étais chargé des services de navettes, du transfert des personnalités importantes, de la conduite et des tests du nouveau personnel, de la formation spécialisée du personnel de conduite recruté localement et de la gestion des besoins et de la consommation en carburant des véhicules de la mission appartenant à l’Organisation des Nations Unies.

Un an plus tard, j’ai rejoint la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Là, tout était nouveau pour moi : le climat et la culture autochtone. En renouant le contact avec des collègues que j’ai rencontrés pendant des missions antérieures - des amis que je n’espérais plus revoir - je me suis rendu compte que j’avais une deuxième famille : la famille de l’ONU.

J’adore les défis opérationnels dynamiques que procurent les démarrages de mission. J’ai rejoint le démarrage de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) en 1999, où ma première tâche consistait à escorter un camion local de transport de carburant de Skopje à Pristina afin d’alimenter les premiers véhicules et générateurs déployés pour la mission. Deux mois plus tard, la MINUK était opérationnelle - un processus rapide rendu possible grâce à la préparation logistique et au soutien d’une mission préparatoire compétente.

En 2003, une fois l’accord de paix d’Accra pour le Libéria signé, j’ai été déployé pour le démarrage de la Mission des Nations Unies au Libéria, où je suis retourné plus tard en 2005.

En plus de mon travail exigeant, j’ai participé à un programme de gestion de transport et j’ai été certifié en 2005. Tout au long de ma carrière, j’ai veillé à poursuivre mon perfectionnement professionnel comme l’encourage l’Organisation.

Je suis actuellement directeur des actifs de transport auprès de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali. Ma mission actuelle est très stimulante en raison de l’immense région qu’elle couvre. Les opérations ont principalement lieu dans le désert du Sahara où il est rare de voir des routes goudronnées. Le temps de vol depuis le quartier général de la mission, à Bamako, jusqu’aux secteurs peut durer quatre heures pour un aller simple ; ce même trajet par la route peut prendre jusqu’à cinq jours. 

Le travail sur le terrain est gratifiant et peut offrir une vie riche en aventure. C’est pour moi un privilège d’avoir pu donner au monde quelque chose en retour. Parfois, on peut se sentir perdu loin de chez soi, mais forts de l’engagement envers sa famille et l’Organisation que l’on sert, on peut apporter une contribution positive sur le lieu où on est déployé.