Quelque part entre les orbites de Mars et Jupiter, de nombreux corps de forme irrégulière appelés astéroïdes forment un disque circumstellaire dénommé la ceinture principale. En 2008, l'astéroïde 21887 de la ceinture principale a été baptisé « dipippo » par l'Union astronomique internationale en reconnaissance de ma contribution à l'exploration spatiale. J'en suis grandement honorée, et je trouve cela merveilleux de me savoir en orbite autour du soleil !
Du temps de ma jeunesse, il était inhabituel que les femmes embrassent des carrières d'exploration spatiale. Mais j'ai toujours su que je voulais un travail qui me permettrait de continuer à apprendre, de nourrir ma passion et de voyager, ce que m'offrent précisément les activités spatiales. Au moment de décider de la formation à suivre, je n'ai pas hésité. J'ai obtenu un Master en astrophysique et physique spatiale à l'Université de la Sapienza de Rome en 1984. Depuis lors, j'ai, tout au long de ma carrière, exploré divers domaines du secteur spatial dans le cadre de programmes spatiaux nationaux et internationaux. J'ai encadré des astronautes, travaillé dans le domaine de l'observation terrestre, envoyé des sondes dans l'espace à des fins d'exploration scientifique, et conçu et mené des expériences dans des conditions de microgravité.
J'ai rejoint l'Agence spatiale italienne (ASI) en 1986 où j'ai assumé diverses responsabilités, notamment dans le domaine de l'observation terrestre, de l'automatisation et de la robotique, de la science et des vols habités. De 2002 à 2008, j'ai exercé les fonctions de Directrice de l'observation de l'univers à l'ASI, puis j'ai occupé le poste de Directrice des vols habités à l'Agence spatiale européenne (ASE). En 2011, je suis retournée à l'ASI pour devenir responsable de l'Observatoire pour la politique spatiale européenne de l'ASI à Bruxelles. J'ai été sélectionnée sur la base d'un concurs et j'ai été nommée à mon poste actuel de Directrice du Bureau des affaires spatiales des Nations Unies en mars 2014.
En tant que Directrice de l'UNOOSA, j'ai été appelée à voyager dans plusieurs pays et à rencontrer différents types de personnes. L'UNOOSA œuvre au renforcement des capacités indigènes dans le domaine des technologies et des applications spatiales, en particulier dans les pays en développement, et c'est pour moi une fierté et un honneur d'aider les pays en développement à jeter les bases qui leur permettront de développer leurs propres capacités à mener des activités spatiales. Chaque individu de notre planète peut bénéficier des activités spatiales de manière durable. Celles-ci ont un impact sur la croissance socio-économique d'un pays donné et constituent un instrument diplomatique. C'est la raison pour laquelle je définis généralement les catégories d'activité de l'UNOOSA comme suit : économie spatiale, société spatiale, accessibilité spatiale et diplomatie spatiale.
Je préconise depuis longtemps le recours à la recherche et à la technologie spatiale comme instrument du développement durable sur terre. Pour ce faire, il convient de promouvoir l'espace comme une ressource qui doit être exploitée dans l'intérêt de tous, tant dans les puissances spatiales que dans les autres pays. Grâce au mandat de l'UNOOSA, je peux poursuivre cet objectif et promouvoir l'espace et ses applications sous toutes leurs formes. Je m'inspire des résultats clairs et probants du recours à la recherche, à la technologie et aux applications spatiales dans l'amélioration de la qualité de la vie sur terre. Par exemple, la technologie et les applications spatiales sont utilisées pour recueillir des informations qui peuvent nous aider à comprendre les cycles mondiaux de l'eau, de cartographier les cours d'eau, et de surveiller et d’atténuer les effets des inondations et des sécheresses.
Après avoir passé près de trente ans à concevoir et organiser des missions spatiales dans le cadre de la coopération internationale, les Nations Unies me semblent être la destination idéale. Mon travail me procure de la joie au quotidien. J'ai régulièrement l'occasion d'apprendre, de rencontrer des personnes intéressantes, de me faire des amis aux quatre coins du monde, et de beaucoup voyager, et j'apprécie toujours autant chacun de ces aspects. Le seul fait d'être impliquée dans le secteur aérospatial m'inspire un sentiment d'épanouissement et de fierté vis-à-vis des réalisations humaines. Je perçois ainsi l'humanité d'un point de vue unique, ce qui me permet de prendre du recul par rapport à la routine du quotidien et d'envisager le monde dans son ensemble, pour comprendre que nous sommes hyperconnectés et interdépendants.